Les brevets de l'équipe Joliot-Curie en Tunisie
A la veille de la deuxième guerre mondiale l'
équipe de Joliot-Curie poursuivait un programme de travaux sur
la fission de l'atome tendant à mettre en évidence la possibilité de créer une réaction en chaîne en milieu d'
oxyde d'uranium.
Des ouvrages comme
«The birth of the bomb», récemment publié en Grande Bretagne, met l'accent sur le stock mondial d'eau lourde acquis par la France et la valeur de cet effort connu déjà à l'époque par diverses communications ou publications scientifiques.
Un aspect beaucoup moins connu des résultats acquis ou escomptés est constitué par l'existence de cinq demandes de brevet déposées en France en 1939 et en 1940, demandes qu'on peut qualifier d'
uniques en leur genre de par leurs dates de dépôt et leurs objets techniques.
Étendues à une cinquantaine de pays étrangers, ces demandes ont eu des fortunes diverses. De façon discrète, elles ont fait couler, et continuent à faire couler, beaucoup d'encre sous des cieux très divers.
Désignées dans les dossiers du
C.E.A.(
Commissariat à l'Énergie Atomique) sous les noms
cas I à
V, les cinq demandes de brevets ont été déposées respectivement les 1er mai 1939, 2 mai 1939, 4 mai 1939, 30 avril 1940 et 1er mai 1940.
Les cinq demandes de brevet résultant des travaux de l'équipe constituée par
MM. Hans Heinrich von Halban,
Jean-Frédéric Joliot,
Lew Kowarski et
Francis Perrin, ont été cédées à l'époque au
Centre National de la Recherche Scientifique (
Caisse Nationale de la Recherche Scientifique jusqu'à la fin 1939), qui les a lui-même cédées après la guerre au
C.E.A..
Lew Kowarski, Frederic Joliot-Curie, Hans von Halban,
Francis Perrin (vu de derrière)
Le
cas I a pour titre
"Dispositif de production d'énergie"Le
cas II a pour titre
"Procédé de stabilisation d'un dispositif producteur d'énergie",
Le
cas III a pour titre
"Perfectionnements aux charges explosives"Le
cas IV a pour titre
"Perfectionnement aux dispositifs producteurs d'énergie"Le
cas V a pour titre
"Perfectionnements apportés aux dispositifs de production d'énergie"Le cas III est très particulier, il fut déposé le 4 mai 1939 à 15 h 35 min à Paris,
il décrit avec précision le principe d'une bombe atomique. Les 4 autres cas ont bénéficié d'un moratoire dû à l'état de guerre.
Le cas III toutefois, du fait de son caractère très particulier, a été rapidement abandonné dans tous les pays sauf au
Pérou et en
Tunisie. Dans ces deux pays en effet le brevet a été accordé d'une manière exceptionnellement rapide, avant que les décisions d'abandon aient été prises. La législation péruvienne ne prévoyant pas le paiement d'annuités et
les annuités tunisiennes ayant été payées par anticipation en une seule fois, le brevet cas III n'est plus en vigueur qu'en Tunisie.Ce brevet en question est référencé par l'
Office Européen des Brevets sous le
n° FR971324.
Cependant la Tunisie n’osa pas réclamer au gouvernement américain des royalties pour les deux utilisations de la bombe atomique en 1945. Et on affirmât que la destruction de Hiroshima était couverte par un brevet français !
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