Arnobe
Arnobe, de son vrai nom latin
Arnobius, est un écrivain
tunisien, nous ignorons à quelles dates naquit et mourut
Arnobe mais nous savons qu’il vécut aux troisième et quatrième siècles de l’ère chrétienne.
Il est originaire de
Sicca Veneria (El Kef, en Tunisie) et enseigne la rhétorique sous le règne de l’empereur
Dioclétien (284-305).
Il y animait, à l’instar de
Madaure, une véritable académie et une célèbre école de rhétorique fréquentée par beaucoup de jeunes qui affluaient de partout. On y venait de
Carthage même, comme ce fut le cas du célèbre
Saint Marcellin d’Embrun.
Arnobe eut plusieurs élèves brillants comme
Saint Marcellin,
Saint Vincent et
Saint Domnin. Ces brillants élèves partiront en Europe où ils connaîtront une remarquable destinée, armés de l’enseignement lumineux de l’école de
Sicca Veneria, iront évangéliser une région retournée au paganisme, celle des Alpes de Haute Provence en France. Ils y fondèrent des églises, à Embrun et à Digne.
Parmi les plus brillants de ses élèves,
Lactance qui était vraisemblablement originaire de la région. Enseignant aussi bien en Afrique, en Nicomédie, qu’en Gaule,
Lactance deviendra l’un des plus célèbres apologistes du monde latin et Donat, installé à Rome, deviendra l’un des grammairiens le plus notoires. C’est probablement à travers le témoignage de ce dernier que son élève
Saint Jérôme put rédiger la courte biographie d’
Arnobe de Sicca.
Parmi les théologiens célèbres, on doit également citer
Saint Augustin qui fit de nombreux séjours à
Sicca Veneria où il anima la vie monastique.
Sarcophage chrétien à Sicca Veneria
Il a été probablement un violent adversaire des chrétiens jusqu’à ce que des rêves l’incitent à se convertir à leur religion. Mais l’évêque à qui il s’adresse lui refuse le baptême, et lui dit qu’il ne peut embrasser une religion qu’il a farouchement combattue sans prouver sa sincérité. Arnobe entreprend alors d’écrire des livres contre les païens, ce qui lui vaut d’être baptisé.
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Ces livres, au nombre de sept, nous sont parvenus sous le titre de
Adversus Nationes, ”Contre les païens”. Dans le style de
Tertullien,
Arnobe réfute la principale accusation portée alors contre le christianisme, à savoir que les malheurs se sont abattus sur le monde avec l’apparition de cette religion venue d’Orient. Il critique avec véhémence l’incohérence du paganisme et s’en prend à sa philosophie et à ses mythes qui défient, selon lui, le bon sens. Il intègre, dans sa critique, les philosophes grecs, particulièrement les partisans du néoplatonisme dont les idées sont répandues à son époque. A l’inverse, il vante le christianisme et montre sa supériorité sur la religion romaine.
Adversus Nationes
On s’étonnera cependant, qu’à l’inverse de
Tertullien et de
Saint Augustin, il ne cite ni la Bible ni les Evangiles. S’agit-il d’une lacune dans sa culture ou plus certainement d'une volonté délibérée de ne pas se référer à des textes auxquels les païens ne croyaient pas ?
Saint Augustin
On a dit que le christianisme d’
Arnobe n’était pas tout à fait orthodoxe et qu’il était entaché d’idées païennes et hermétistes. Mais si on peut remettre en cause son orthodoxie, on ne peut douter de son profond attachement à ses origines, à son peuple et à son pays. Contrairement à la plupart des écrivains africains de langue latine, il insiste sur les réalités de son pays. Ainsi, il évoque les conditions climatologiques de la Numidie, de la Gétulie et de la Maurétanie, donne des renseignements sur leur relief, leur faune et leur flore, il cite les divinités numides et maures, il parle des invasions de sauterelles qui causent des ravages dans les cultures et que redoutent les habitants. Il parle aussi de Rome mais en étranger. Il critique sa politique impérialiste et condamne sa domination qu’il compare à un torrent violent qui a déferlé sur le monde, emportant tout sur son passage. Et pour finir, il déclare que l’Empire romain n’est pas né pour apporter la civilisation, comme le prétendent les Romains, mais pour perdre le genre humain. De nombreux ouvrages et articles ont été consacrés à la pensée, aux sources et au style d’ Arnobe.
Liens et références :Si vous savez lire en latin voilà un lien vous permettant de lire les sept livres de Arnobe :
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Connaissance du latin indispensable)
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